Esch/Alzette - Luxemburg
Csilla Tóth
2022 rime avec édition anniversaire et «éphémère»: le Printemps des Poètes-Luxembourg dont le 15ème Festival se déroulera les 22, 23 et 24 avril 2022, se rallie ainsi au thème central du Printemps des poètes français. Cette année, l’inauguration du festival se fera à neimënster (19h) tandis que la grande nuit de la poésie se tiendra à la galerie Schlassgoart-Pavillon du centenaire / Esch/Alzette (19h) à l’occasion d’Esch-Capitale culturelle européenne 2022. Enfin, la clôture de la 15e édition se fera sous forme d’une matinée poétique à la galerie Simoncini (11h).
Manifestation emblématique de la scène poétique et du multilinguisme du pays, notre festival reste la principale manifestation consacrée à la poésie au Luxembourg, grâce à l’engagement des partenaires institutionnels, de nombre d’ambassades participantes et du soutien du Ministère de la Culture, Luxembourg.
Le festival, ce sont trois jours de rencontres, d’échanges et d’écoute, au cours desquels la musique et la performance accompagnent les lectures croisées de grandes voix poétiques et de voix nouvelles venues des quatre coins de l’Europe. Textes en vers ou en prose, textes parlés ou slamés, textes qui donnent à rire et à réfléchir, jeunes auteurs et talents confirmés sont conviés à s’exprimer. Comme de coutume, les lectures se tiendront en langue originale avec traduction en français, allemand ou anglais.
Qu’ils/qu’elles viennent du monde méditerranéen ou des brumes du nord, que leur voix soit humour, soulèvement ou «colère joyeuse», ils nous diront combien le poème peut être familier, combien il peut nourrir et combien il a sa place dans un monde instable où s’oublie «la valeur éphémère de chaque moment» (H. Hesse).
En 2022 Csilla Tóth, poète basée à Bruxelles, représentera la poésie hongroise au festivel Printemps des Poètes.
Csilla Tóth écrit régulièrement depuis sa jeunesse, mais pendant longtemps elle n’a même pas pensé à publier ses œuvres. Comme elle dit « c'est une simple question de personnalité ». Elle se sent anxieuse lorsqu’elle n'écrit pas, et tout aussi anxieuse lorsqu’elle doit s'occuper de ses écrits après les avoir rédigés. Alors pendant longtemps, elle a continué à écrire uniquement pour soi-même et son entourage. Après avoir déménagé en Belgique, la décision était mûre en elle et elle a lancé de publier ses poèmes.
Son premier recueil de poèmes (Avec moi tout est possible) a été publié par Parnassus en 2019. Entre-temps, elle a terminé un recueil de nouvelles (Moi et moi), un recueil de poèmes plutôt pour des adultes (Bruxelles est le bien), un recueil de poèmes pour enfants (Petites choses) et un conte d’enfant en vers (Julie, la fille du feu), qui sont en attente de publication.
Elle organise des soirées littéraires à Bruxelles, et elle écrit des critiques.
Fragile
J’avais une image de moi-même, en moi-même,
de mon moi fumeuse, en fait,
je souffle la fumée, les jambes croisées,
sur la terrasse d’un café,
je suis rêveuse, féminine, assise,
la courbe de ma main gracieuse,
une cigarette entre les doigts,
sa fumée suit la ligne de ma main,
pont volatile vers l’éternité.
C’est comme ça que je me vois si je fume,
on se voit d’une certaine manière,
même si on fume,
on dirait qu’on vit en soi une vie à part,
comme quand la dernière fois j’ai guetté la fumée,
et par la fumée j’ai aperçu quelque chose d’incompréhensible,
moi, le démon, la star, Hélène, Dietrich,
la pédicure de chien allumeuse, qui fume entre deux toutous,
penchée à la vitre,
alors, à ce moment un pigeon s’est installé sur ma table
et se balançant longuement au bord
voulait des morceaux de mon gâteau,
pas tout à fait blanc, ni éthéré,
comme une colombe de paix,
rêve de Picasso et de l’humanité,
plutôt vil, crasse, maladif,
a bousculé mon assiette par terre,
et moi, mon moi fumeur,
composé soigneusement
des femmes assises sur les terrasses de café
dans les films,
et qui vivait une vie commode
et attirante dans ma tête,
je suis tombé en morceaux tout de suite.
Maintenant je suis une concierge dans un roman
typique de Kosztolányi, qui râle contre les pigeons,
fleur de lotus dans la fosse d’aisances, s’étouffe,
et avale de travers.