Bestiaire poétique illustré 5

La présence des animaux semble avoir des bienfaits sur notre santé physique et mentale, ce qui n’est pas chose négligeable en ces temps difficiles où nous sommes plus que jamais coupés de la nature. Faute de pouvoir inviter des chiens et des chats en chair et en os, ou pourquoi pas des dragons, à votre domicile, nous avons décidé de vous faire découvrir leurs versions poétiques et picturales. Elles ne provoquent pas d’allergies, n’endommagent pas les meubles avec leurs griffes ou en crachant du feu, mais attirent gentiment votre attention sur leurs créateurs, des poètes et des illustrateurs hongrois de talent. 

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« La grande vache vole toujours au-dessus de moi
elle couche sur un nuage et chante pendant la nuit
son pis ballottant surgit souvent de la brume
la chère ! mon coquelicot ! petit animal ! maîtresse inaccessible !
jamais je ne toucherai tes yeux énigmatiques
embrasse-moi !
voici la lune partie et demain nous mourrons.

le désir, voilà notre grande force
ce pré est infini
entre tes cornes tu portes muette notre destinée chancelante
où le soleil brille »

Tibor Déry, La grande vache, traduit par Gyulla Illyés et Yvan Goll
(Destins croisés de l’avant-garde hongroise, 1918-1928. dir. Marc Martin,
L'Âge d’Homme, 2002)

Illustration de Sarolta Szulyovszky
(Parue dans le livre Hősteki és az eltűnt holdtehén d’Adrienn Dér, Bookart, 2020)